Vous rêvez de capturer des images aériennes spectaculaires des rizières en terrasse de Bali, du temple d’Angkor au lever du soleil ou des plages paradisiaques des Philippines ? Voyager avec un drone est devenu presque incontournable pour les créateurs de contenu et les photographes passionnés. Mais attention : ce qui était toléré il y a quelques années est aujourd’hui strictement encadré.
En 2025, la réglementation concernant les drones en Asie du Sud-Est s’est considérablement durcie dans certains pays, tandis que d’autres ont clarifié leurs règles pour accueillir les touristes équipés. Le problème ? Ces règles changent régulièrement, varient énormément d’un pays à l’autre, et les informations fiables sont souvent difficiles à trouver.
Ce guide à jour pour 2025 vous explique précisément ce que vous pouvez ou ne pouvez pas faire dans chaque pays d’Asie du Sud-Est. Mon objectif : vous permettre de ramener des images exceptionnelles, tout en évitant les mauvaises surprises comme une amende salée ou, pire, la confiscation de votre précieux matériel.
Peut-on emporter un drone en avion ?
Bonne nouvelle : oui, vous pouvez voyager en avion avec votre drone ! Mais cela nécessite quelques précautions importantes pour éviter les refus d’embarquement ou les mauvaises surprises à l’arrivée.
Les règles essentielles pour le transport aérien :
- Batteries toujours en cabine : Les batteries lithium-ion représentent un risque d’incendie et sont strictement interdites en soute. Emportez-les dans votre bagage à main, dans des pochettes de protection ignifuges.
- Respect des limites de puissance : Les batteries ne doivent généralement pas dépasser 100 Wh (Watt-heures). Pour les modèles plus puissants (jusqu’à 160 Wh), une autorisation spéciale de la compagnie aérienne est souvent requise.
- Protection du matériel : Transportez votre drone dans un sac rembourré ou une mallette de protection. Idéalement, utilisez un sac spécifique qui protège également les hélices et la nacelle.
- Vérifiez les règles de votre compagnie : Certaines compagnies aériennes asiatiques comme AirAsia ou Lion Air ont des restrictions spécifiques concernant les drones. Consultez toujours leur site avant de réserver.
Conseils pratiques de voyageur expérimenté :
- Discrétion avant tout : Évitez les sacs avec des logos DJI ou drone trop visibles qui attirent l’attention.
- Batteries à demi-charge : Stockez vos batteries à environ 30-50% de charge, jamais complètement chargées ni déchargées pour le transport.
- Transparence aux contrôles : Si un agent de douane vous interroge, soyez toujours honnête. Mentir peut entraîner des complications bien plus graves qu’une simple vérification.
- Documents de conformité : Gardez avec vous les fiches techniques de votre drone prouvant qu’il respecte les normes internationales.
Règles pays par pays en 2025
Thaïlande
La Thaïlande a considérablement clarifié sa position sur les drones touristiques en 2025, après des années de flou réglementaire.
- Autorisation requise : Oui, enregistrement obligatoire auprès de la CAAT (Civil Aviation Authority of Thailand) via leur portail en ligne. Le processus prend désormais 3-5 jours ouvrables.
- Vol pour les touristes : Autorisé avec restrictions après enregistrement.
- Limite de poids : Drones de moins de 250g dispensés d’enregistrement. Au-delà, enregistrement obligatoire jusqu’à 25kg maximum.
- Conditions de vol :
- Altitude maximale de 90 mètres
- Distance maximale de 500 mètres du pilote
- Interdiction de voler dans un rayon de 5km des aéroports
- Interdiction au-dessus des zones royales, sites gouvernementaux et parcs nationaux
- Sanctions : Amende pouvant atteindre 40 000 bahts (environ 1 000€) et/ou un an d’emprisonnement.
- Source officielle : Civil Aviation Authority of Thailand
Indonésie
L’Indonésie, destination prisée des créateurs de contenu pour ses paysages variés, a adopté une approche plus structurée en 2025.
- Autorisation requise : Oui, un permis de vol délivré par la DGCA (Direction Générale de l’Aviation Civile) est obligatoire. Comptez 7 jours ouvrables pour l’obtention.
- Vol pour les touristes : Autorisé avec restrictions après obtention du permis.
- Limite de poids : Tous les drones doivent être enregistrés. Ceux pesant plus de 7kg nécessitent une certification spéciale.
- Conditions de vol :
- Altitude maximale de 150 mètres
- Interdiction de vol dans un rayon de 10km des aéroports
- Interdiction au-dessus des installations militaires
- Interdiction totale à Bali près des temples principaux et dans certaines zones touristiques
- Sanctions : Confiscation du drone et amende pouvant atteindre 2 millions de roupies (environ 120€).
- Source officielle : Indonesian Directorate General of Civil Aviation
Vietnam
Le Vietnam a mis en place en 2025 une réglementation particulièrement stricte pour les drones.
- Autorisation requise : Oui, double autorisation nécessaire : du Ministère de la Défense ET de l’Autorité de l’Aviation Civile du Vietnam (CAAV).
- Vol pour les touristes : Très difficile en pratique. Les autorisations sont rarement accordées aux touristes.
- Limite de poids : Tous les drones, quelle que soit leur taille, sont soumis à autorisation.
- Conditions de vol :
- Autorisation spécifique pour chaque vol avec plan de vol détaillé
- Interdiction totale dans les grandes villes (Hanoï, Ho Chi Minh-Ville)
- Interdiction près des sites militaires, gouvernementaux et historiques
- Sanctions : Confiscation immédiate, amende pouvant atteindre 40 millions de dongs (environ 1 500€).
- Source officielle : Civil Aviation Authority of Vietnam
Cambodge
Le Cambodge a adopté en 2025 une position médiane, avec une réglementation plus accessible aux touristes.
- Autorisation requise : Oui, permis délivré par l’Administration de l’Aviation Civile du Cambodge (SSCA).
- Vol pour les touristes : Autorisé avec restrictions après obtention du permis.
- Limite de poids : Drones de moins de 250g dispensés de permis pour usage récréatif uniquement.
- Conditions de vol :
- Altitude maximale de 120 mètres
- Interdiction formelle sur les sites d’Angkor Wat et autres temples du complexe
- Interdiction près du Palais Royal et des bâtiments gouvernementaux
- Sanctions : Confiscation possible et amende d’environ 200-500 USD.
- Source officielle : State Secretariat of Civil Aviation
Laos
Le Laos maintient en 2025 une politique relativement flexible concernant les drones.
- Autorisation requise : Oui, mais simplifiée. Un formulaire à remplir auprès du Département de l’Aviation Civile du Laos, disponible en ligne.
- Vol pour les touristes : Autorisé après enregistrement simple.
- Limite de poids : Jusqu’à 500g sans enregistrement complexe. Au-delà, procédure plus détaillée.
- Conditions de vol :
- Altitude maximale de 100 mètres
- Interdiction près des zones militaires et gouvernementales
- Interdiction dans certains parcs nationaux sans autorisation spécifique
- Sanctions : Confiscation temporaire et amende modérée (environ 100-300 USD).
- Source officielle : Department of Civil Aviation, Lao PDR
Malaisie
La Malaisie a fortement structuré sa réglementation en 2025, avec un système d’autorisation désormais entièrement en ligne.
- Autorisation requise : Oui, permis délivré par l’Autorité de l’Aviation Civile de Malaisie (CAAM).
- Vol pour les touristes : Autorisé avec restrictions après obtention du permis.
- Limite de poids : Drones de moins de 250g dispensés d’enregistrement pour usage récréatif. Tous les autres doivent être enregistrés.
- Conditions de vol :
- Altitude maximale de 120 mètres
- Distance maximale de 500 mètres du pilote
- Zones touristiques comme Langkawi ont des règles plus souples
- Interdiction formelle à Kuala Lumpur près des bâtiments gouvernementaux
- Sanctions : Amende pouvant atteindre 50 000 ringgits (environ 10 000€) dans les cas graves.
- Source officielle : Civil Aviation Authority of Malaysia
Singapour
Singapour applique en 2025 l’une des réglementations les plus strictes de la région.
- Autorisation requise : Oui, permis délivré par l’Autorité de l’Aviation Civile de Singapour (CAAS).
- Vol pour les touristes : Très difficile en pratique. Les autorisations sont rarement accordées aux touristes.
- Limite de poids : Tous les drones de plus de 250g doivent être enregistrés et nécessitent un permis.
- Conditions de vol :
- Presque tout le territoire est en zone restreinte vu la densité urbaine
- Interdiction formelle près des aéroports, bases militaires, et la majorité des zones touristiques
- Des zones dédiées existent mais sont peu nombreuses
- Sanctions : Amendes pouvant atteindre 50 000 SGD (environ 33 000€) et/ou 2 ans d’emprisonnement.
- Source officielle : Civil Aviation Authority of Singapore
Philippines
Les Philippines ont clarifié leur position en 2025, rendant l’utilisation touristique des drones plus accessible.
- Autorisation requise : Oui, enregistrement auprès de l’Autorité de l’Aviation Civile des Philippines (CAAP).
- Vol pour les touristes : Autorisé après enregistrement relativement simple.
- Limite de poids : Drones de moins de 250g exemptés d’enregistrement pour usage récréatif uniquement.
- Conditions de vol :
- Altitude maximale de 120 mètres
- Interdiction dans un rayon de 10km des aéroports
- Certaines îles touristiques comme Boracay ont des restrictions spécifiques
- El Nido et Coron en particulier ont des zones désignées pour les drones
- Sanctions : Confiscation possible et amende d’environ 10 000-50 000 PHP (150-800€).
- Source officielle : Civil Aviation Authority of the Philippines
Birmanie (Myanmar)
La situation politique complexe en Birmanie rend l’utilisation de drones particulièrement sensible en 2025.
- Autorisation requise : Oui, multiples autorisations nécessaires, difficiles à obtenir.
- Vol pour les touristes : Fortement déconseillé. Les autorisations sont rarement accordées.
- Limite de poids : Tous les drones sont soumis à autorisation.
- Conditions de vol :
- Restrictions majeures dans presque toutes les zones
- Interdiction formelle près des sites gouvernementaux et religieux
- Sanctions : Confiscation, amendes importantes, voire risque d’arrestation.
- Source officielle : Pas de source en ligne fiable, se renseigner auprès de l’ambassade
Brunei
Brunei a modernisé sa réglementation en 2025.
- Autorisation requise : Oui, permis du Département de l’Aviation Civile de Brunei.
- Vol pour les touristes : Possible mais procédure administrative lourde.
- Limite de poids : Tous les drones doivent être enregistrés.
- Conditions de vol :
- Altitude maximale de 120 mètres
- Interdiction près du Palais Royal, mosquées et bâtiments gouvernementaux
- Sanctions : Confiscation et amende pouvant atteindre 5 000 BND (environ 3 300€).
- Source officielle : Department of Civil Aviation Brunei Darussalam
Voler en toute sécurité : bonnes pratiques à suivre partout
Quelle que soit la destination, certaines règles de bon sens s’appliquent universellement pour voler en toute légalité et sécurité :
Sécurité avant tout
- Respectez les limites d’altitude : Même si vous êtes au milieu de nulle part, ne dépassez jamais les plafonds légaux (généralement 120m).
- Gardez toujours votre drone en vue directe : La règle du VLOS (Visual Line Of Sight) est universelle en Asie du Sud-Est.
- Évitez les foules : Ne survolez jamais directement des groupes de personnes, pour leur sécurité et votre tranquillité.
- Météo et conditions : Soyez particulièrement vigilant avec la mousson et les vents violents fréquents dans la région.
Respect des lieux et des personnes
- Zones sensibles à éviter systématiquement :
- Temples, mosquées et autres lieux de culte
- Bâtiments gouvernementaux et militaires
- Aéroports et corridors aériens
- Palais royaux (particulièrement importants en Thaïlande et Malaisie)
- Respect de la vie privée : Ne filmez jamais des personnes sans leur consentement explicite, particulièrement dans les cultures plus traditionnelles.
- Faune sauvage : Maintenez une distance respectueuse des animaux sauvages, les drones peuvent les stresser considérablement.
Organisation et préparation
- Applications indispensables :
- DJI Fly ou DJI Geo (pour les propriétaires de drones DJI)
- Drone Assist ou OpenSky pour vérifier les zones de restriction
- Maps.me ou Google Maps en mode hors-ligne avec les zones de vol préalablement marquées
- Documents à avoir toujours sur soi :
- Preuves d’enregistrement du drone
- Permis de vol si applicable
- Assurance responsabilité civile couvrant les dommages potentiels
- Facture d’achat (pour prouver que le drone vous appartient)
Que risque-t-on en cas d’infraction ?
Les conséquences d’un vol non autorisé peuvent aller de la simple réprimande à des sanctions beaucoup plus sévères. Voici ce que vous risquez concrètement :
Sanctions financières
Les amendes varient considérablement selon les pays :
- En Thaïlande : jusqu’à 40 000 bahts (environ 1 000€)
- À Singapour : jusqu’à 50 000 SGD (environ 33 000€) dans les cas les plus graves
- Au Vietnam : jusqu’à 40 millions de dongs (environ 1 500€)
Confiscation du matériel
C’est souvent la première conséquence, et parfois la plus douloureuse pour votre portefeuille :
- Confiscation temporaire du drone pendant enquête (souvent plusieurs semaines)
- Confiscation définitive dans les cas plus graves
- Saisie des cartes SD contenant les images (même si le drone vous est rendu)
Conséquences administratives
Dans les cas les plus sérieux :
- Inscription sur liste noire aéroportuaire
- Refus d’entrée sur le territoire lors d’un prochain voyage
- Expulsion du pays dans les 24-48h (cas observés en Indonésie et Vietnam)
L’expérience montre que la méconnaissance des règles n’est jamais une excuse valable. En cas de doute, la règle d’or reste : si vous n’êtes pas absolument certain que c’est autorisé, ne faites pas voler votre drone.
Alternatives locales : louer un drone ou passer par un vidéaste ?
Vous ne voulez pas prendre de risques ou la réglementation semble trop complexe ? Des alternatives existent pour capturer quand même de superbes images aériennes :
Location de drone avec pilote local
De plus en plus d’entreprises proposent ce service dans les zones touristiques :
- À Bali, des services comme « Bali Drone Production » proposent des forfaits à partir de 150€ la journée
- En Thaïlande, plusieurs opérateurs à Phuket et Koh Samui offrent des services similaires
- Aux Philippines, des pilotes certifiés opèrent à Palawan et Cebu
Faire appel à un créateur de contenu local
Cette option présente de nombreux avantages :
- Les professionnels locaux connaissent parfaitement la réglementation
- Ils disposent souvent des autorisations nécessaires pour les sites touristiques majeurs
- Leur expérience du terrain leur permet de connaître les meilleurs spots et conditions
Le tarif journalier varie généralement entre 100€ et 300€ selon le pays et l’équipement utilisé, ce qui peut représenter une excellente alternative si vous ne restez que quelques jours dans un endroit où les restrictions sont importantes.
Conclusion
Voyager avec un drone en Asie du Sud-Est en 2025 reste tout à fait possible, mais demande une préparation minutieuse. La technologie des drones nous offre une liberté créative extraordinaire, mais cette liberté s’accompagne de responsabilités qu’il convient de respecter.
En préparant votre voyage, prenez le temps de vous renseigner sur les réglementations spécifiques de chaque pays, et surtout, anticipez les démarches administratives qui peuvent parfois prendre plusieurs semaines. L’investissement en temps vaut largement la peine quand on considère le risque de voir son précieux matériel confisqué.
N’oubliez jamais que nous sommes des invités dans ces pays, et que respecter leurs règles, c’est aussi respecter leur souveraineté et leur culture. Avec les bonnes informations, une planification adéquate et une attitude responsable, vous pourrez capturer des images spectaculaires et ramener des souvenirs inoubliables, sans mauvaise surprise.
Bon vol, et surtout, bon voyage !
